S’il est à noter que depuis le 5 octobre 1990, jour de la rupture des institutions d’avec le peuple, la réconciliation semble préoccuper les animateurs de la vie socio- politique togolaise : nos dirigeants et tous ceux qui détiennent aujourd’hui le privilège de pouvoir s’adresser au peuple ou de parler en son nom, il est tout aussi intéressant de noter qu’aucun effort n’a vraiment été réalisé pour arriver à trouver un moyen de parvenir à cette réconciliation. La réalisation de cette réconciliation cependant est très simple à faire à mon avis, mais demande un langage de vérité qu’aucun de nos acteurs politique n’à le courage d’utiliser actuellement, et comme les habitudes ont la peau dure dans notre cher pays, nous pouvons très certainement conclure sans peur de nous tromper que cette réconciliation en particulier et la crise togolaise en général ne sont pas prêt d’être résolues.
En effet Après avoir éliminé la population togolaise de tous les débats le concernant, et en cherchant à nous faire croire que la crise togolaise trouvera un jour une solution sans que les militaires qui détiennent la clef réelle de la sécurité dans notre pays soient associés aux débats sur notre société, certains continuent encore naïvement de vouloir nous faire croire au Père Noël pour réussir des initiatives qui engagent à priori les togolais, mais sans que ceux-ci aient leur mot à dire. Tout se passe encore au Togo comme si le peuple ne représenterait rien d’autre qu’une société d’attardés mentaux ou comme certains se plaisent souvent à le dire : une classe de " moutons " à laquelle chaque prédateur pour peu qu’il ressemble à un " lion " peut venir imposer le pâturage à brouter, ou facilement conduire à l’abattoir sans que nous puissions même sur le chemin de notre mort avoir l’occasion de "bêler". C’est malheureusement là où justement la plupart de nos dirigeants et maintenant la communauté internationale font une grosse erreur.
S’il est vrai que le coup d’Etat perpétré par le fils, après le décès de l’ex- " Père de la nation" avait été à ce point surprenant qu’il a réduit la population togolaise au silence, la situation actuelle ne doit pas être confondue avec une démission, ou une totale soumission de la population togolaise aux désirs peu voilés de pouvoir et de puissance que nourrissent les nouveaux dirigeants du Togo. C’est vrai qu’après le hold-up sur les urnes lors de la dernière élection présidentielle dans notre pays, les togolais s’attendaient à voir apparaître un libérateur, qui vienne remettre les pendules à l’heure, un vrai patriote qui chasserait les armes à la main tous les "vautours" encore rassemblés autour du défunt dictateur, et tirerait la population encore surpris par la mort d’Eyadéma de sa torpeur. Bien sûr que tous les politiciens eux n’avaient que leurs petits plans en tête et ignoraient totalement la volonté du peuple. Tous savaient le "match électoral" truqué d’avance, mais avaient accepté y jouer au détriment du peuple car comptant sur leurs amis de la communauté internationale pour les aider à jouer leur jeu. La colère qui avait suivi l’élection et qui fut vite étouffée par nos " barbares de toujours", cette milice sans nom à la solde de la dictature et que d’aucuns confondent avec l’armée togolaise n’avait fait que renforcer le désespoir du peuple. C’est justement parce que cette milice qui asservie notre population n’est pas encore l’armée sensée nous protéger, que personne ne sait vraiment comment associer aujourd’hui cette dernière aux tentatives de cette réconciliation devant mener à la paix dans notre pays. La même chose dans le cas du peuple togolais, qui à force de ne pas être associé aux problèmes qui l’engagent s’est éloigné du processus devant le réconcilier avec l’armée (pardon : la milice). Nous pataugeons donc aujourd’hui dans une situation ou toutes les bonnes volontés continuent d’élaborer des théories pour faire la réconciliation de notre nation sans que personne vraiment n’arrive à nous définir entre qui doit se faire cette fameuse réconciliation. Est-ce en effet à une réconciliation de la population avec son armée qu’il faut s’attendre, ou à une réconciliation entre le peuple et ses dirigeants ? Est-ce au contraire une réconciliation du peuple avec les partis dits de l’opposition dont les dirigeants n’ont pas hésité à nous sacrifier sur l’autel de leurs ambitions personnelles, ou mieux à une réconciliation du peuple avec lui-même ?
Si nous sommes toutefois d’accord que les vrais acteurs de cette réconciliation continuent d’être tenus en dehors des prises de décisions alors il est évident à mon humble avis que non seulement la réconciliation ne sera pas pour demain dans notre pays mais pire, la vraie crise qui mine notre pays restera entière, et tout le travail qui semble se faire actuellement ne sera rien d’autre qu’une perte de temps. Bien naïfs sont encore ceux qui croient qu’une élection législative sera le remède miracle qui sauvera le Togo du chaos, quand on sait que le peuple ne se retrouve plus dans aucun des candidats aux élections ou des acteurs politiques actuels qui se disent nous représenter. Nos dirigeants et tous ceux qui aspirent à nous gouverner demain, devraient donc commencer par nous parler un autre langage, celui de la vérité et plus que cela, ils doivent commencer par traduire leurs paroles en actes (allusion au récent discours du chef de l’Etat sur l’impunité, immédiatement suivi des interdictions de marches pacifiques en faveur justement de ce même sujet). Qu’on arrête donc de chercher à tourner les togolais en bourriques, et que les bonnes volontés qui s’offrent pour réconcilier notre population s’adressent directement et avant tout aux assassins du peuple. Que le pouvoir en place qui nous a jeté à l’œil la poudre des enquêtes (confiée à la « commission Koffigoh ») après l’élection présidentielle d’Avril 2005, aille plus loin dans sa tâche et passe aux actes, pour nous prouver la bonne foi de nos dirigeants et expliquer au monde que les choses commencent par changer positivement au Togo. Après deux années d’exercice du nouveau pouvoir en place au Togo et qui se veut « démocratique » nous voulons concrètement voir les auteurs des crimes arrêtés, nous voulons voir jugés : ceux qui ont égorgé nos pères, éventré nos mères, chassé nos frères en dehors du pays, violé nos sœurs et rendus nos enfants orphelins, mais continuent allègrement de se balader dans les rues de Lomé et ne cessent de nous narguer comme s’ils étaient au dessus des lois de notre pays. Que les auteurs des crimes d’Avril 2005 aient au moins le courage (sinon la chance) de venir faire leur mea-culpa au peuple, et nous disent pourquoi ils ont retourné leurs armes contre nous, eux qui étaient sensés nous protéger? Si après le travail de la justice le peuple se décide à leur pardonner et à oublier ce passé douloureux de l’histoire de notre pays, alors seulement aura lieu la réconciliation.
Le problème de la réconciliation au Togo passe avant tout par la reconnaissance des torts causés à notre peuple par les exécutant des basses besognes du groupe d’individus qui continue de prendre notre pays en otage. C’est vrai que seuls ont peur de la réconciliation, ceux qui craignent que la confession de certains crimes ne les éloigne à jamais de la politique et donc du pouvoir, mais sans ce passage obligé de reconnaissance du mal et d’acceptation des peines qui l’accompagnent, l’élection législative prochaine au Togo et toutes les élections futures dans notre pays seront à priori vouées à l’échec.
Chacun sait qu’il n’y aura pas de réconciliation sans pardon, et qu’il n’y aura pas de pardon sans confession des fautes. Les hommes politiques ne devraient donc pas négliger de parler ce langage de vérité s’ils tiennent à se rapprocher de notre population.
Tant que l’impunité continuera de régner en maître au Togo, la réconciliation restera son esclave, c’est-à-dire un vain mot, un simple rêve de démagogues, et Dieu seul sait s’il nous est encore permis de rêver au Togo après toutes ces années de retard sur un monde soumis aujourd’hui à un "Tsunami" de changements, une évolution…trop rapide.