Au Togo les années passent mais le ciel reste de couleur grise pour la population. Pendant que les demi-dieux qui nous gouvernent se prélassent dans leurs paradis le quotidien n’est fait que de grincements de dents pour de nombreuses familles de togolais, surtout depuis qu’un père, une mère, une fille, un fils, bref un proche parent a disparu en 2005 sous les coups de gourdins, et de baïonnettes des miliciens du rassemblement du Peuple Togolais (RPT) et de son autre bras exécuteur pompeusement appelé : Forces Armées Togolaises (Eh oui cette "FAT- alité nationale" !).
Ainsi après la prise de pouvoir sanglante par le fils Faure Gnassingbé, au lendemain du décès du feu Père Président Gnassingbé Eyadéma le 5 Février 2005, les plaies ouvertes dans le cœur des togolais, par les assauts des militants du nouveau Président de la République, son restées béantes à ce jour, pour la simple raison : qu’il n’a pas eu la force une fois au pouvoir d’initier un véritable changement, en arrêtant, en jugeant, et/ou en condamnant les exécuteurs des barbaries qu’il aurait certainement lui-même commanditées. Comment en effet peut on comprendre après les massacres de ces jours sombres de l’histoire de notre pays, et après déjà toutes ces années passées à la tête du Togo par le nouveau Président, que son gouvernement continue de nous parler de réconciliation sans pour autant oser entreprendre les réformes nécessaires afin que le système judiciaire soit libre comme dans tout Etat de droit qui se respecte, et permette que les assassins arrivent à être appréhendés et jugés. Ceux-ci aujourd’hui continuent allégrement de courir nos rues sans inquiétude aucune, forts de leur impunité ou mieux de cette immunité qui ne dit pas son nom.
Si depuis 2005 les assassins ne sont pas en prison, si entre-temps par contre, le demi frère du Président, et en plus député de son état, donc représentant du peuple à l’Assemblée Nationale au moment des faits( je parle de Kpatcha Gnassingbé) peut être arrêté, jeté en prison et y croupir depuis Avril 2009,sans qu’aucun jugement pour prétendu complot contre le Président de la République ne soit prononcé contre lui jusqu'à ce jour…Si des opposants au régime disparaissent encore aujourd’hui sous nos cieux sans qu’aucune enquête n’aboutisse ( Je parle de la mort suspecte d’Atsutse Agbobli et de Gaston Vidada), c’est que les meurtriers sont protégés par les mêmes personnes qui font et défont la justice dans notre pays ( suivez alors mon regard), conclusion : soit tout ce beau monde est connu des gens au sommet de notre nation et donc sont tous des amis du Chef de l’Etat qui lui-même est le représentant de ce sommet de notre Etat ; soit qu’il est malgré tout le respect que je lui dois : leur premier complice et qu’il les protège personnellement, ou tout simplement qu’il est lui-même le commanditaire de tous ces crimes, et n’arrive donc pas aujourd’hui à se faire justice en acceptant de se tirer une balle dans les pieds (en jargon militaire) ou à s’auto flageller (en jargon de missionnaire), bref à prendre l’initiative de dire la vérité au peuple, et accepter toutes les conséquences de ses actes et alors se condamner avant tout le monde, et prendre ainsi sur lui, de personnellement panser les plaies ouvertes dans le cœur des togolais, en leur offrant ce seul médicament capable aujourd’hui de les définitivement guérir et qui ne saurait être autre chose que la présentation de sa démission, afin de se faire définitivement pardonner par son peuple.
La réconciliation que le Chef de l’Etat togolais prône aujourd’hui passe justement par ce grand piège, qu’il ne laissera certainement jamais se refermer sur lui-même, à savoir qu’il quitte l’objet à l’origine de la haine que les togolais nourrissent pour lui aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il quitte le pouvoir, qu’il démissionne aussi brusquement qu’il est venu s’ingérer dans la vie de notre nation.
En instituant par décret N° 2009-046/PR du 25 février 2009, une Commission Vérité Justice et Réconciliation (CJVR) et en mettant à sa tête un homme d’Eglise en la personne de Mgr Nicodème Barrigah, Faure Gnassingbé sait pertinemment en son fort intérieur et comme justement cela se passe chez les Chrétiens, qu’une faute commise n’est pardonnable par Dieu que lorsque le pécheur reconnaît ses fautes, accepte de les confesser, accepte de s’en repentir en acceptant la pénitence ou l’absolution de ces péchés par la personne à qui il se confesse ou envers qui, la ou les fautes sont commises ( dans notre cas le peuple). Il sait aussi que ce n’est qu’en se refusant de commettre les mêmes fautes demain et en préparant dans la prière, sa tète et son cœur, à ne plus penser, ou dire, ou faire ou même dans certains cas à omettre de faire les mêmes actes qui pouvaient le conduire en enfer, qu’il pourra alors un jour voir le vrai paradis, c’est-à-dire dans notre cas, reconquérir les cœurs et recevoir la grâce des togolais. C’est ce qui se traduit à l’Eglise par les paroles de reconnaissance de ses fautes envers Dieu : « - je sais que j’ai pêche : en pensée, en parole, par action et par omission, c’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les Anges et tous les Saints …» que les Chrétiens prononcent à chaque célébration de messe (chez les catholique s’entend).
Au Togo malheureusement le gouvernement en place, malgré qu’il sait que tous les ingrédients sont là pour que le peuple accepte sincèrement de se réconcilier avec les assassins, ne pose pas tous les actes qu’il faut pour que cette réconciliation ait vraiment lieu, car les hommes au pouvoir n’arrivent pas à se repentir sincèrement (je dirais courageusement) de leurs péchés. Comme dirait Jésus Christ, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’il ne l’est pour un riche d’aller au paradis (Evangile de St Marc10 :25). A cause de l’argent, à cause du pouvoir, à cause des choses matérielles de ce bas monde, Faure Gnassingbé n’arrive pas à se surpasser et à se soumettre à l’auto flagellation pour offrir au peuple ce seul médicament qui pourra réconcilier notre nation. Il préfère aujourd’hui encore, se cacher derrière la soutane du respectable Mgr Barrigah croyant ainsi pouvoir bénéficier de l’onction de l’Eglise après avoir trempé des centaines de ses frères togolais dans le sang (Ah quel baptême ?)
Aujourd’hui qu’il envoi le prélat convaincre les togolais de la diaspora du bien fondé d’une réconciliation pour la nation, disons le tout net : qu’il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au foie (j’allais dire jusque dans sa foi). http://www.republicoftogo.com/Toutes-les-rubriques/Politique/La-CVJR-fait-ses-valises
En effet, ces ″indignés du Togo ″ qui avaient dû fuir leur pays pour sauver leurs vies des bourreaux du peuple qui continuent d’abuser de leur pouvoir, de taper sur les étudiants grévistes ces derniers jours, ou de tirer des gaz lacrymogènes sur la population, …ne sont pas prêts d’accorder le pardon à un récidiviste qui ne tient à aucune de ses paroles.
Le malheur du pouvoir actuel, c’est justement de ne pas vouloir regarder la réalité en face. On ne peut pas créer une commission de recherche de la vérité et ne pas être en mesure soi même de se dire ou de reconnaître la vérité. C’est une évidence, et c’est tout comme quand on ne peut pas faire avancer de façon normale une voiture quand le frein à main est engagé. L’invitation à la réconciliation des togolais, n’est donc pas faite dans les normes qu’il se devrait pour permettre de réunir les togolais, et le pouvoir en place le sait mieux que les togolais eux-mêmes (surtout que certains membres du gouvernement actuel étaient eux-aussi dans la diaspora). Il sera difficile pour les assassins de notre peuple, de reconnaître leurs fautes, mais la réconciliation ne saura passer que par cette auto flagellation des assassins eux- mêmes, c’est-à-dire de ceux qui nous appellent aujourd’hui à faire cette réconciliation.
Puisque ce sont les mêmes personnes qui nous tuaient hier qui sont encore au pouvoir aujourd’hui, et que c’est à eux-mêmes de se tirer les oreilles pour les fautes commises sur la population, croire aujourd’hui que la CJVR pourra réussir sa mission, c’est faire une tentative de contournement de la réalité, c’est faire une fausse manœuvre ou faire fausse route. C’est croire qu’on peut massacrer ou faire massacrer la population et lui refuser ensuite de pleurer ses morts.
La mission de Mgr Barrigah dans la diaspora est une mission périlleuse qui n’a aucune chance de réussir, car la cible que devrait viser cette mission est restée au Togo. C’est le Président de la République et son gouvernement voire son parti politique RPT, qui doivent être convaincus de se sacrifier et non le contraire. Le peuple a déjà assez donné par son silence et sa soumission à des hommes venus s’imposer par la force à des gens qui ne demandent qu’à vivre en toute dignité et dans la paix. Il est cynique de croire que cette partie de la population qui a fui le diktat pour aller chercher la paix sur d’autres continents et qui passe son temps dans des grincements de dents et en ruminant sa colère, sera mieux disposée aujourd’hui à faire la paix avec ceux qui détiennent encore la clé de cette douleur.
Ce qui pourrait encore éventuellement aider à la réconciliation au Togo, c’est qu’une autre autorité arrive au pouvoir et réintroduise un jour la notion de pardon et de réconciliation aux togolais, mais pour cela il faut que cette nouvelle autorité soit justement au pouvoir et dirige le pays de manière démocratique et pacifique. Malheureusement cela ne semble pas encore être pour demain la veille dans notre chère patrie, puisque le RPT n’y accepte même pas l’alternance et continue d’user de toutes les tactiques possibles pour s’éterniser au pouvoir.
N’est-ce pas qu’en Afrique du Sud, ou au Rwanda, il a fallu que la minorité soit au pouvoir pour que les populations acceptent de se réconcilier entre elles ? Ce qui est vrai ailleurs doit pouvoir l’être aussi au Togo. Qu’on ne vienne pas nous faire croire que le Togo doit continuer d’être ce pays spécial ou tout ce qui n’est pas bon pour l’humanité, continuera d’y être expérimenté comme dans un laboratoire pour alchimistes. Le Togo premier pays à initier un coup d’Etat au lendemain des indépendances sur le continent, premier pays à organiser les courses à pied des militaires avec urnes sur la tête lors des élections présidentielles, premier pays aussi à vouloir que sa population demande pardon à des assassins, et que sais-je encore (Ah quelle République bananière !)
Les dirigeants du Togo, sont actuellement les seuls à se croire encore au paradis sur terre (l’Eden). Il est donc temps qu’ils redescendent parmi les humains que nous sommes, qu’ils apprennent à s’humilier, qu’ils arrivent à se rapprocher du peuple, et à demander l’avis de la population avant de prendre des initiatives qui impliquent justement ce peuple. Bref il est encore temps qu’ils cèdent leur place au peuple, avant que le peuple ne vienne à le leur faire céder.
La vrai mission pour la CJVR, n’est pas aujourd’hui d’aller vers les togolais, mais de demander au Président de la République Faure Gnassingbé et à ses complices de remettre pacifiquement le pouvoir au peuple le jour ou celui-ci viendra à le leur demander, et cela à mon avis, ne saura plus tarder. Tous les ingrédients ne sont-ils pas là pour qu’une révolution populaire ait lieu au Togo, à l’instar de celle qui s’est passée en Tunisie ou en Egypte?
A voir l’augmentation du prix des carburants et des denrées alimentaires, à voir les grèves continues des étudiants, ou du personnel de la santé publique, à voir les marches pacifiques incessantes de l’opposition politique, le taux de chômage des jeunes, la corruption dans l’administration et j’en passe… il ne manquerait plus que l’allumette qui mettra le feu au Mohamed Bouazizi du Togo pour obtenir cette cuisine spéciale aux odeurs de jasmin et qui a pour nom REVOLUTION !