Préambule :
Au
lendemain des violences ayant suivi les élections
présidentielles de 2005 au Togo,
il était devenu clair qu’il ne restait à l’opposition togolaise qu’a d’abord s’unir
comme un seul homme, pour ensuite commencer par appliquer une stratégie inédite
(en Afrique) pour arriver à arracher l’alternance politique au Rassemblement du
Peuple Togolais (RPT) devenu en Avril 2012, l’UNIR (Union pour la République).
Pour certains observateurs comme nous de la vie politique, ce changement de mentalité
des opposants togolais devait passer par une initiative qui n’aurait rien à
voir avec les règles mises en place par le parti au pouvoir pour justement déstabiliser
les opposants au régime militaro-dictatorial en place au Togo.
Malheureusement
personne à l’époque ne nous avait pris au sérieux. Les conséquences, cependant
ne s’étaient pas fait attendre après les élections de 2010 et risquent de se répéter
en 2015.
Nous
nous permettons donc avant qu’une nouvelle catastrophe électorale n’arrive en
2015, de faire relire aux togolais et a
la communauté internationale nos analyses de 2006 qui restent malheureusement
d’actualité. Ensuite nous préconiserons une nouvelle fois encore à l’opposition
togolaise notre plan de sortie de crise et de conquête du pouvoir en 2015.
Le
texte qui suit a été écrit pour la première
fois à Washington D.C., le 16 janvier
2006 inspiré par la commémoration du «Martin Luther King Jr. Day» et publié sur
www.diastode.org
sous le titre:
DE
LA NÉCESSITÉ AU PEUPLE TOGOLAIS DE SE DÉFENDRE (OU EN QUOI L’OPPOSITION A
MANQUE DE PROVOQUER L’ALTERNANCE AU TOGO)
Un sage de mon quartier avait l’habitude de dire que seul
le fou ne se donne pas la peine de demander son chemin lorsqu’il se sent perdu.
A l’analyse, ses paroles sont pleines de sagesse, même si elles font rire au
départ. Lorsqu’il m’arrive en effet de les appliquer à la vie politique du
Togo, je me rends compte qu’aucune formule ne saurait mieux expliquer l’échec
(n’ayons pas peur de le dire) ô combien cuisant de l’ensemble de la classe
politique togolaise.
Pour moi, le RPT et l’ensemble de l’opposition togolaise,
n’ont pas tenu leur promesse envers notre peuple, car aucun d’eux n’est arrivé
à ce jour à faire le bonheur de notre population. Pour nous en convaincre, il
suffit de faire un petit tour au lendemain de la Conférence Nationale, qui
selon moi avait manqué d’être souveraine d’abord, parce que déjà depuis la
Salle Fazao les couleurs étaient annoncées, que le Général Eyadéma ne
respecterait aucune des décisions prises par ceux qui parlaient au nom de notre
peuple. Aux différentes agressions et violations qui suivirent ensuite cette
Conférence Nationale, une conclusion s’imposait, qui était que l’adversaire à
combattre, c'est-à-dire le RPT, ne disposait que d’une seule force: sa branche
armée pour se maintenir au pouvoir. Sans cette force il était incapable de gouverner,
n’ayant aucune vision, aucun programme de développement, aucune ambition pour
notre nation.
Je me rappellerais toujours de ce diplomate allemand avec
qui j’avais eu la chance de discuter, quelques jours après le lancement de la
Conférence Nationale. Il m’avait demandé si je croyais que l’opposition
togolaise avait des armes, et je lui ai répondu «Non! Pas à ma connaissance».
Il m’avait alors regardé un moment d’un air très étonné avant de me demander
cette fois-ci, pourquoi alors certains délégués menaçaient de dissoudre l’armée
togolaise? C’est alors seulement que j’avais pu saisir tout le contour de sa
pensée. Eh oui, des années plus tard, je continue de lui donner raison, car
lorsqu’on n’est pas en mesure de se défendre à arme égale contre son adversaire,
on utilise d’autres techniques. La nature est là pour me donner raison, que
même les animaux en face de leurs prédateurs, utilisent des moyens de défense
comme le camouflage ou le mimétisme. L’opposition togolaise avait simplement
échoué dans sa méthode d’utilisation de la non-violence pour forcer la
dictature dans notre pays à accepter l’alternance politique.
Aux lendemains surtout de l’attentat de Soudou, des morts
de la lagune, de l’attaque de la primature ou des tueries du Fréau jardin, il fallait
tout simplement se résoudre à comprendre que le conteste de la stratégie pour
conquérir le pouvoir au Togo n’était pas le même qu’en Inde avec Gandhi ou aux
États-Unis avec le Dr Martin Luther King Jr. Nous n’avons pas en face de nous
un système qui comprenait la non-violence comme moyen de revendiquer ses
droits. Comme un homme perdu, il fallait alors à nos leaders politiques, de
s’arrêter un instant dans leur course contre la montre pour la conquête du
pouvoir et tout simplement redemander au peuple, la nouvelle voie à suivre. Ils
devaient donc redéfinir de nouvelles stratégies pour continuer la lutte, mais
alors et toujours avec le soutien de la population. Au cours de leurs meetings
ou conférences, nos leaders devaient apprendre à accepter le débat, écouter et
utiliser les propositions de leurs bases.
Aujourd’hui, point n’est encore nécessaire de revenir sur
ce chapitre amer de notre lutte pour la démocratie, car l’échec ayant suivi
l’élection d’avril 2005 dans notre pays reste assez édifiante. La cohésion
avait manqué entre nos leaders d’abord, et ensuite entre eux et leurs bases.
Tous savaient que le choix seul d’un candidat unique n’était plus le seul
préalable pour aller aux élections, et que les listes électorales, les cartes
d’électeurs, le problème de sécurité avant, pendant et après l’élection,
étaient d’autres critères qui devaient être réglés, avant toute participation
de leur part aux élections. Tous savaient aussi en outre que les élections
allaient être truquées, que la victoire de l’opposition si victoire il y’avait,
sera de nouveau confisquée par le parti au pouvoir comme elle l’avait déjà été
en 1998. Dans ces conditions, il n’y avait que deux choix:
- Exiger
une transition plutôt que d’accepter d’aller aux élections, afin d’avoir le temps
de mettre plus de clarté dans l’organisation.
- ou alors
accepter de participer mais uniquement après avoir exigé qu’une force armée
neutre de l’Union Africaine ou de la CEDEAO par exemple vienne protéger la
population, puisqu’il était prouvé que l’opposition allait se faire massacrer,
surtout après la courageuse démission du ministre de l’intérieur, et surtout
que l’opposition ne disposait que de coupe -coupes, face aux armes de guerre
des miliciens du RPT.
Depuis des années, il était bien clair pour tous les
Togolais, que la branche armée du RPT n’hésiterait pas à user de violence pour
se maintenir au pouvoir et aucun leader politique responsable ne devait dans
ses conditions ne pas se préparer à la riposte s’il ne peut éviter
l’affrontement. Il existe à mon avis un droit universel à la légitime défense,
qui permet à la personne agressée au moins de se défendre. Ne voit-on pas
aujourd’hui les États-Unis user (copieusement) de cette légitime défense contre
les terroristes? Aucun leader politique qui se serait préparé à défendre la
population, contre un autre parti disposant et usant d’armes de guerre, à mon
humble avis ne saurait être taxé de terroriste. La moindre des choses que
l’opposition aurait dû faire depuis tant d’années d’abus de notre population
par la milice armée du RPT était de se créer aussi une branche armée capable au
moins de défendre ses militants. C’est justement là que j’aimerais en venir
aujourd’hui, lorsque je dis que l’opposition togolaise, tant qu’elle n’est pas
prête à nous défendre, ne doit plus nous jeter dans les rues en sacrifice à une
milice armée contre laquelle aucune sanction n’est jamais prise. Je fais ici
allusion aux Nations Unies qui après avoir publié un rapport aussi édifiant sur
les violences au Togo, ne font aucune pression pour désarmer les miliciens, ni
exiger des sanctions contre les assassins qui pourtant sont bien connus. Ce qui
s’était passé au Togo lors de la dernière élection d’avril 2005 n’était rien
d’autre qu’un début de génocide. Nous n’allons plus revenir sur nos blessures,
mais quand je vois le nombre de réfugiés, de morts, de blessés, et de dégâts
inutiles, qui auraient pu être évités au Togo, je dis qu’il y a eu beaucoup
d’irresponsabilité, de la part de nos hommes politiques, toutes tendances confondues.
Aujourd’hui je crois tout simplement que l’heure est
venue de tirer une bonne leçon de tous ces échecs du passé, et de redéfinir une
stratégie qui sorte notre pays du bourbier dans lequel il continue de
s’enfoncer (allusion à la dernière célébration le 13 janvier par le pouvoir en
place au mépris de la misère actuelle de notre population). Ma proposition à
l’opposition togolaise si elle veut encore exister, est la suivante:
1- Elle doit
se regrouper et se fondre en un seul et unique bloc avec une dénomination
nouvelle (parti démocrate par exemple), un bloc au sein duquel le président
sera élu par le peuple ou à défaut par ses pairs au suffrage universel et pour
une période bien déterminée. J’avais déjà suggéré une fois de prendre exemple
sur les États-Unis et d’essayer une fois d’organiser des «primaires de
l’opposition». Ces élections n’auraient rien à voir avec le RPT et seraient
l’occasion de tester la machine électorale au Togo, tout en donnant l’occasion
à notre population de s’exercer aux règles de la démocratie et à nos leaders de
ne présenter qu’un candidat aux prochaines élections, mais de pouvoir le
remplacer aussi dans les cas où il est indisposé, afin de continuer dans la
ligne d’action qu’ils auraient ensemble définis par rapport bien sûr aux
aspirations de la base. Comment financer ces élections? je les laisse y
réfléchir, même si j’ai ma petite idée là-dessus.
2- Que nos
leaders relancent alors les discussions pour une élection présidentielle (je
dis bien présidentielle), plus transparente et sous l’égide des Nations Unies.
Cela suppose qu’ils doivent faire un bon lobbying auprès des nations ayant
encore un semblant de droit de regard sur la situation du Togo.
3- Que pour finir, l’opposition se donne pour une fois
l’opportunité de répondre à toute forme de violence qui suivrait les élections
au Togo, soit en obtenant toutes les garanties auprès des Nations Unies, qui à
l’occasion déploieraient donc une armée dans le pays en vue de protéger la
population, ou carrément en mettant sur pied leur propre branche armée capable
de prendre désormais la défense de leurs militants et passant de toute notre
population.
Dans tous les cas l’opposition togolaise se doit si elle
veut se faire respecter, de désormais montrer clairement ses intentions et se
donner les moyens des intentions qu’elle aura énoncées. Il n’est plus question
d’aller discuter ou faire quelque négociation que ce soit en rang dispersé et
sans aucun moyen de frapper du poing sur la table lorsqu’on n’est pas d’accord
avec l’adversaire. Le peuple togolais il faut le savoir, ne suivra désormais
plus de leader qui l’amènera à l’abattoir. Il est temps aussi que nous même
population, nous prenions en charge et commençons par organiser notre défense
contre toute agression des miliciens si nos leaders ne sont pas en mesure de
nous défendre. Je dis que la violence au Togo n’existe que parce que nous
n’arrivons pas à l’équilibrer par une autre violence, ce que beaucoup sans le
savoir appellent en fait la NON-VIOLENCE.
Être non violent ne signifie pas se laisser abattre sans
réagir, autrement qu’on m’explique pourquoi en Afrique du Sud, l’ANC avait dû
recourir à une branche armée pour faire plier l’apartheid. Et pourtant, Nelson
Mandela n’est-il pas aujourd’hui considéré comme un homme de paix? La violence
et l’abus de la force au Togo n’existent (et je le répète) que parce qu’il
n’existe pas de force pour les équilibrer. Qui dit mieux?
Conclusion :
La situation politique n’a donc pas changé
au Togo depuis 2005, comme nous le disions dans le préambule. Nous avons trop
de partis politiques de l’opposition, trop de divergence d’idées sur la
manière d’obtenir l’alternance, et cette
divergence de voix des leaders politique ne profite qu’au pouvoir en place,
tandis qu’elle démobilise complètement la population. Si au vu de l’histoire
politique du Togo, il est clair aujourd’hui que seule une révolution populaire
(je dis bien révolution et pas révolte), pourra faire plier l’UNIR, il va s’en
dire qu’aucune révolution n’a lieu sans planification, cohésion, discipline et
donc leadership (j’entends charisme du ou des dirigeants de cette révolution).
Il est donc temps de repenser le leadership de l’opposition togolaise et la stratégie
qui amènera le Togo à la révolution populaire qui seule pourra faire plier la
dictature.
Nos
leaders de l’opposition doivent reconnaitre qu’ils sont actuellement émoussés,
tout autant que la population, (diaspora comprise), par la trop longue lutte de libération
infructueuse au Togo. Pour la relance de la lutte, il ne nous reste donc plus
qu’à puiser nos forces dans notre subconscient. D’aucuns appellent cela un
baroud d’honneur. Pour 2015 l’opposition doit donc jouer sa dernière carte,
celle du « ça passe ou ça casse ». Il s’agira pour cela de
s’organiser d’abord dans son propre camp :
1-
En dégageant
l’unique candidat qui représentera le peuple face au candidat de l’UNIR en 2015,
grâce à l’organisation des primaires de l’opposition.
2-
En
s’accordant sur les règles de présentation et de représentation des idées des différents
partis regroupés au sein de cette désormais candidature unique du peuple.
3-
En
mettant en place la structure idéale censée protéger le leader de l’opposition,
et son ou ses successeurs en cas d’attentat sur sa personne, ainsi que la
protection des votes et des votants (j’entends la population et leur vote)
avant, pendant et après les élections de 2015.
Les détails de ce projet de primaires de
l’opposition togolaise, ainsi que la stratégie pour éviter ou faire face aux fraudes
et violences électorales possibles en 2015 sont consignés dans les « Propositions
des ALTO (Actions pour la Libération du Togo) pour arracher l’alternance
politique au Togo en 2015 » et pourront faire l’objet de discussions, conférences
et campagnes entre tous les sympathisants de la démocratie au Togo, afin de
faciliter une relance de la lutte pour la libération de notre pays.
À
mon humble avis c’est une façon certaine, de commencer par appliquer la démocratie
à nous même, avant que de chercher par le faire appliquer par le parti
politique en face.