L’événement le plus marquant de l’année 2008, n’aura pas été la mort tragique de Benazir Bhutto, ni les centaines d’attentats à travers le monde, encore moins les répressions sanglantes au Tibet ou en Birmanie. Il n’aura pas été non plus : les Jeux Olympique 2008 en Chine, ou le tremblement de terre qui l’avait précédé et qui avait fait des milliers de morts, ni encore le nombre actuellement croissant des réfugiés du Congo, le coup d’Etat en Mauritanie, les prises d’otages aux larges des côtes de la Somalie, la crise du pétrole ou même : la grande crise financière actuelle. Croyez moi ce ne sont pas les pluies diluviennes du mois d’Août dernier au Togo et leurs grand nombre de sans abris ou d’affamés, qui pourraient faire la une des journaux du monde entier comme a su bien le faire l’élection d’Obama à la tête de la Nation dite la plus puissante du monde. C’est vrai que les hommes oublient vite leurs malheurs et préfèrent pour cela, ne garder dans leur mémoire que les événements heureux. Si cependant l’élection de Barack Obama pouvait vraiment être un événement heureux, il y a lieu de se poser une question très réaliste, à savoir : pour qui cet événement est-il vraiment heureux ?
D’aucuns en effets voient en l’élection d’Obama, un retour des "noirs aux affaires", un peu comme si les pharaons de l’Egypte ancienne revenaient à la vie. C’est-à-dire un retour à l’ordre normal des choses, et à une nouvelle ère de paix dans le monde, comme si à l’instar d’une reconstruction des pyramides, Obama pourra refaire le monde en réglant bientôt tous nos problèmes depuis la base jusqu’au sommet.
Quand je vois mes compatriotes au Togo, déjà plus qu’appauvris par les sangsues qui s’accrochent au pouvoir dans notre pays et ne finissent pas de sucer le sang de notre population, trouver la force de jeûner et de prier comme ils l’ont fait, pour demander à Dieu de faire élire Obama plutôt que McCain, j’avoue que je n’arrive pas à y croire, car cela relève pour moi complètement de l’utopie, et j’en souffre sincèrement pour mon pays. Les togolais croient-ils vraiment en un messie américain qui vienne libérer l’Afrique encore moins notre Togo ? Je suis personnellement de ceux qui croient sérieusement que la pauvreté artificielle dans laquelle nos dirigeants entretiennent notre continent ne saura être combattue avant tout que par les africains eux-mêmes. Il faut en effet avoir vécu aux Etats-Unis pour comprendre que Barack Obama hérite plutôt de la pire des situations dans lequel le pays ce soit jamais trouvé. Le nouveau élu à la Maison Blanche vient en effet de recevoir « un bateau en train de couler », comme le dirait le Président Hugo Chavez du Venezuéla, et croyez moi : il s’agit ici d’un très grand bateau. Certes ce qui s’est passé récemment avec l’élection d’un premier noir à la tête du pays (beaucoup ne voient d’ailleurs en lui qu’un métis), est et restera historique, mais cette révolution ne sera autre chose qu’une longue transition des Etats-Unis vers d’abord sa propre libération, car l’Amérique du Dr Martin Luther King Jr, des Jessie Jackson ou Oprah Winfrey n’est pas encore libre de son racisme, de son capitalisme à outrance, de son esclavage, encore moins de sa pauvreté, pour venir libérer l’Afrique. Eh oui, il y a encore des pauvres aux Etats-Unis ! Nous ne pouvons pas continuer à croire au Togo en une libération qui nous tomberait du ciel sous forme de mannes. Lorsque je vois les américains travailler très durement pour payer leur taxe, et j’insiste sur « dur » (car le pays vit encore à l’heure d’un esclavage moderne qui ne dit pas son nom), je vois mal le nouveau président surtout en ce temps de crise financière chronique, laisser ses concitoyens pour venir soigner la misère du monde, et pire encore de l’Afrique (un continent en totale perdition). La misère seule est en fait la source aujourd’hui des guerres interminables qui secouent notre terre, car c’est elle qui pousse les peuples à s’accrocher aux terres ou aux richesses de ce monde. Certes beaucoup voient en le symbole Obama, un retour du monde à la paix car il a promis faire rentrer les soldats qui se meurent sans raison en Irak, et d’aucuns assimilent cette guerre d’Irak à la véritable source de croissance de la violence dans le monde, oubliant qu’elle n’a été que la suite (illogique certes) de la guerre en Afghanistan, qui elle même n’avait commencée qu’à la suite des événements du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis.
Pourquoi et comment il y a eu le 11 Septembre, beaucoup ne veulent plus le savoir. Malheureusement si on ne cherche pas à le savoir, Dieu seul sait comment on arrivera un jour à régler les problèmes qu’il a suscité dans le monde, et s’il n’est jamais réglé, comment peut-on penser à une paix durable pour le monde grâce seulement à l’élection d’un noir à la Maison Blanche (une Maison Blanche qui à mon humble avis, n’est pas prêt de changer rapidement sa couleur).
Les togolais et les africains en général doivent arrêter de rêver et commencer par voir leur réalité en face, s’ils veulent trouver les solutions qui conviennent à leurs problèmes. L’élection d’Obama doit plutôt nous faire comprendre en Afrique que rien n’est impossible à faire par nous même, et pour nous même, pourvu que nous y mettions de la bonne volonté.
Au Togo nous devons sérieusement penser à commencer notre prochaine révolution. Elle ne doit pas nécessairement être sanglante comme beaucoup ont tendance à le croire. Obama à la tête des Etats-Unis est une révolution en soi, une révolution douce certes, mais une véritable révolution.
Notre révolution au Togo commencera, lorsque nous voterons en 2010 pour un Président qui ne sera plus issu, ni du RPT (Rassemblement du Peuple Togolais) actuellement au pouvoir, ni de l’opposition vieillissante qui depuis la Conférence nationale de 1991, n’a pas su nous apporter le changement tant attendu par le peuple.
Un nouveau sang il est vrai est arrivé à la Maison Blanche, et je crois sincèrement que seul un sang nouveau dans l’"arène Togo", voire une nouvelle et véritable opposition au pouvoir en place dans notre pays, pourra nous permettre de faire la révolution que le peuple togolais attend et qu’il continue malheureusement de chercher dans le ciel.
Vivement un nouveau leader pour le Togo, qui sache ramener notre attention vers le sol, c’est-à-dire vers la dure réalité d’une conquête de notre liberté, et du développement de notre pays qui passent uniquement par la seule force de nos bras et de notre volonté commune.
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