Sunday, June 04, 2006

7 JOURS POUR REFLECHIR A L'IMPUNITE AU TOGO




7 JOURS POUR REFLECHIR A L’IMPUNITE AU TOGO:


Le dialogue tant attendu entre togolais depuis les tueries de l’année dernière au lendemain de l’élection présidentielle dans notre pays, avait été finalement entamé le 21 avril à Lomé, pour difficilement aboutir sur un projet d’accord que les délégués disposent d’une semaine pour étudier. C’est du moins ce que nous pouvons comprendre ce 02 juin 2006 en jetant un coup d'oeil sur le site officiel de la République togolaise pour lire l’article titré : « 7 JOURS POUR EXAMINER LE PROJET D’ACCORD »:(http://www.republicoftogo.com/fr/news/news.asp?rubID=1&srubID=1&themeID=1&newsID=11531).Je me suis intéressé aux propositions touchant à l’impunité dans notre pays. J’ai lu puis relu le chapitre suivant :III. AU SUJET DE L’IMPUNITE25. Le Bureau propose la création d’une commission ‘’Vérité et Réconciliation’’ qui sera chargée de faire la lumière sur les actes de violence à caractère politique, commis durant la période allant de 1958 à ce jour, et d’étudier les modalités d’apaisement des victimes.26. Le Bureau propose également la valorisation par les pouvoirs publics des hommes et des femmes de tous bords qui ont la compétence, l’intégrité et l’esprit d’indépendance nécessaires au bon fonctionnement des Cours et Tribunaux, de la Police judiciaire et des autres institutions à qui incombe l’éradication de l’impunité.Je me suis ensuite intéressé au chapitre consacré à ceux qui ont toujours (à cause de l’uniforme qu’ils portent) échappé depuis toujours à la punition au Togo à savoir nos frères de l’arméeJ’ai lu et relu le chapitre que voici :II. A PROPOS DES PROBLEMES DE SECURITELe Bureau a fait des propositions en deux volets :A/ S’agissant de la réforme de l’Armée et des autres Forces de sécurité17. Des dispositions nécessaires doivent être prises en vue de la réaffirmation solennelle et du respect effectif :• de la vocation apolitique, du caractère national et républicain de l’Armée et des Forces de sécurité, conformément à la Constitution et aux lois pertinentes du pays ;• de la distinction entre les fonctions de l’Armée d’une part, et celles de la Police et de la Gendarmerie d’autre part, de façon à ce que la première se consacre à sa mission de défense de l’intégrité du territoire national et les secondes à leurs missions de maintien de l’ordre et de la sécurité publique.18. Des personnes ressources seront désignées pour étudier les problèmes de l’Armée et des autres Forces de sécurité ainsi que les solutions à y apporter, avec le concours des partenaires du Togo.En raison de la spécificité et de la complexité des questions relatives aux Forces de sécurité, ces personnes ressources aborderont leur mission avec sérénité en y associant étroitement les corps concernés.19. Dans l’immédiat, le gouvernement devra prendre toutes les dispositions utiles afin que les forces de défense et de sécurité s’abstiennent de toute interférence dans le débat politique.20. Les effectifs et les moyens d’action de la gendarmerie et de la police doivent être renforcés pour leur permettre d’assumer efficacement leurs missions.21. Les partis politiques doivent être conviés s’abstenir de tout ce qui peut être perçu comme des provocations à l’égard de l’Armée et des Forces de sécurité, et à œuvrer à une confiance réciproque entre ces dernières et les populations.B/ Concernant la sécurité des activités des partis politiques et les élections22. Le Bureau propose que soit mis en place, au niveau national, un mécanisme destiné à alerter, le cas échéant, les services compétents à la bonne application des mesures de sécurisation des activités des partis politiques et des processus électoraux.23. Ce mécanisme d’alerte disposera des relais au niveau de la Commune de Lomé et de chaque Préfecture.24. Le mécanisme national d’alerte et ses relais seront composés de représentants des partis politiques, des autorités administratives et des forces de sécurité.J’ai ensuite essayé de faire le rapprochement entre ces deux chapitres et me suis posé certaines questions qui me sont venues à l’esprit et que je compte sur les délégués à ce dialogue entre togolais pour m’aider répondre au cours des 7 jours de réflexions dont ils disposent encore pour que l’impunité disparaisse sur la terre de nos aïeux.MES QUESTIONS SONT LES SUIVANTES:1- La commission « vérité et réconciliation » si elle venait à être créée, pourra-t-elle avoir accès à tous les dossiers d’enquêtes (quand on sait qu’aucune enquête jamais n’a abouti ou jamais été sérieusement menée au Togo), et nous retrouver les assassins de tous les bords, puisque son travail couvrira la période aussi bien du règne du Président Sylvanus Olympio, et d’Eyadéma ainsi que celui de son fils Faure, c’est-à-dire de 1958 jusqu’à cette année 2006 ?2- Les assassins déjà morts ne nous posent plus de problème, mais quel sort sera réservé aux assassins en vie, qui sont encore aux affaires et ceux qui particulièrement qui portent des uniformes, et donc font parti de l’armée qui déjà dans l’avant goût du texte final semblent être ménagés par les signataires de l’accord, quand on sait qu’une simple critique à l’endroit de l’armée est une insulte au Togo et peut faire descendre nos hommes en uniforme dans la rue surtout que dans notre pays nous ne sommes jamais arrivés à distinguer les policiers des gendarmes ou des militaires en matière de répression de la population ?3- Au cas ou justement notre armée descendrait encore dans les rues ou se saisirait des urnes comme elle en a l’habitude, comment compte-t-on la faire rentrer dans ses casernes maintenant que les politiciens de notre pays commencent par concentrer leurs efforts sur l’organisation prochaine des élections législatives et qu’apparemment elle serait terminée longtemps avant même que la réforme de l’armée ne soit jamais entamée, étant donné qu’aucun délai ne semble énoncé pour les travaux concernant cette fameuse réforme de l’armée ; mais mieux c’est une croissance de ses hommes en uniforme dans nos rues qui se prépare avec l’article 20 du chapitre II de la proposition de texte élaboré par nos politiciens, comme si notre pays n’était pas encore assez militarisé et soit disant pour lutter contre l’insécurité. (Au fait qui détient aujourd’hui la clef de la sécurité dans notre pays depuis qu’Eyadéma n’est plus de ce monde, lui qui en était le garant?)Les délégués nous dit-on, disposeraient de 7 jours pour réfléchir la proposition de texte c’est vrai, mais c’est peut être trop peu à mon avis pour leur permettre de répondre à des questions aussi graves que celles touchant aux droits humains, ce qui personnellement me donne l’impression qu’une fois encore un dialogue entre togolais qui se croient à part et ne pensent pas à associer d’autres togolais à part entière à leurs discussions ne saura accoucher que d’une souris.Que ceux qui se réservent le droit de réfléchir à notre place à tous tiennent en mémoire que certains crimes commis sur la terre de nos aïeux, comme ces hommes brûlés et calcinés retrouvés le jeudi 29 septembre 1994 à Dzové près de Dalavé (préfecture de Zio), ou celui de Gaston Aziadouvor Edeh retrouvé dans un champ le 13 janvier 1994 par exemple (Cf : photos 1 et 2 de la Tribune des démocrates en 1994) sont des crimes trop graves pour être laissés impunis. Que ceux qui se sont délégués pour parler à la place de notre peuple prennent bien la mesure de leur responsabilité envers l’histoire de notre pays et traitent avec du sérieux, la question de l’impunité, afin qu’elle ne soit pas une simple affaire de vérité qui jamais ne sera dite ou d’une réconciliation qui n’engagera jamais le cœur des togolais. La nature à horreur du vide et le risque existe de voir la haine prendre toute la place de l’amour dans nos foyers.