Monday, May 30, 2011

Crise Libyenne : qui sauvera le dernier dinosaure d’Afrique?




Il y a parfois des situations que l’on ne peut comprendre qu’en gardant en tête une bonne dose d’humour (noir). C’est le cas de la situation actuelle de la guerre civile en Libye, qui à travers ce texte qui pourrait paraitre un peu humoristique, mais nous interpelle en réalité sur l’avenir de l’Afrique en relatant un véritable drame humanitaire, économique et politique pour le continent, surtout que nous parlons ici de mort d’hommes, de bombardements aveugles sur des objectifs civiles, et pratiquement de folie des dirigeants du monde qui face à la tournure imprévue prise par la révolution populaire en Libye, apportent des solutions dont les conséquences à long terme même si elles ne sont pas toutes encore visibles, resteront une véritable catastrophe pour le développement de ce pays, de l’Afrique voire du monde entier. Les spéculations actuelles sur le prix du pétrole doivent à elles seules suffire à mon avis à confirmer mes appréhensions et à me faire comprendre même par ceux qui ne se sentiraient pas concernés par la guerre en Libye.
Il y a quelques jours, j’étais en effet à la recherche du mot dinosaure sur internet, quand il m’est arrivé de tomber sur une vidéo pour enfants sur « youtube » dénommée : Barbapapa-le dinosaure (http://www.youtube.com/watch?v=q7SBgbXHrOA). Le récit est à propos des Barbapapas qui seraient des personnages en forme de poire de diverses couleurs créés dans les années 1970 par Annette Tison et Talus Taylor, et qui auraient la capacité de changer de forme à volonté. Les histoires pour enfants étant avant tout ancrées dans l’inconscient des adultes, je ne pouvais pas m’épargner de lire à travers cette histoire pour enfant la gravité de la situation actuelle de la Libye pour le continent africain.

Entre nous je ne suis pas un pro-Kadhafi, et je n’ai jamais eu la chance de toucher du doigt ni les réalisations, ni l’argent du pétrole Libyen. J’ai toujours personnellement pensé que le Colonel Kadhafi était plus un lunatique qu’un véritable chef d’Etat, et qu’il n’était pas aussi dangereux qu’on voulait nous le faire croire. Il aurait souhaité un jour voir vivre en paix les Israéliens et palestiniens dans ce pays qu’il appelle " Israéline" (quelle belle trouvaille ?) Il aurait toujours aussi rêvé de faire de plus grandes choses, et de voir le continent Africain tout entier devenir un seul pays et éventuellement lui prêter allégeance comme à un chef continental, à un empereur ou à un demi-dieu… tout cela au nom du panafricanisme. Il est vrai que l’Union de tous les pays d’Afrique en un bloc du genre Etats-Unis d’Afrique, est plutôt une idée merveilleuse et noble, mais les voies pour atteindre cet objectif ont fait des chefs d’Etats africains des « plaisantins » et de celui qui aimerait les diriger tous, un homme plutôt marginal voire un polichinelle. Comme tous les marginaux malheureusement, Kadhafi a souvent surpris les occidentaux par ses comportements, et las de n’avoir aucune emprise sur sa personne, ils s’entendent aujourd’hui à saisir l’occasion de la révolution populaire en Libye pour "noyer le chien en l’accusant d’avoir la rage" bref à se débarrasser d’un homme devenu trop encombrant. C’est une astuce qui aurait bien vite marché, si l’exception de la révolution Libyenne ne venait confirmer la règle selon laquelle seules les révolutions populaires pouvaient facilement emporter toutes les dictatures du monde. Dans les pays voisins de la Libye traversés par la révolution du jasmin les soldats avaient vite fait défection et les armées s’étaient vite ralliés à la population. Les dictateurs n’avaient même pas tous eu le temps de prendre la poudre d’escampette, mais voilà qu’en Libye, Kadhafi le " fou" a changé les donnes en faisant volte face et comme un mauvais gosse dont le ballon d’anniversaire viendrait à éclater entre ses mains, aurait décidé de faire éclater tous les ballons encore en exhibition dans les mains de ses compagnons de jeu. Malheureusement bombarder ses propres frères de jeu n’est plus un jeu, et l’actuelle situation de la Libye doit être prise plus au sérieux que cela. Les occidentaux en se mêlant à un "match de tir à balles réelles" qui se joue en Libye, ne jouent plus aux arbitres, et cela doit interpeller tous les africains, car c’est l’avenir de notre continent qui est en jeu. Quant on sait l’état dans lequel les Occidentaux avaient laissé la Somalie après l’échec de l’opération " restore Hope", il y a lieu de se demander, s’il n’est pas temps de négocier sérieusement avec les rebelles en Libye, pour obtenir non plus le départ de Kadhafi, mais un pacte de non agression qui conduirait à couper la poire en deux et à proclamer un match nul dans la « guerre civile » qui risque d’anéantir la Libye et porter préjudice à toute l’Afrique. Il faudrait que le dialogue prime sur les armes avant que la Libye ne se divise en deux pays, car a mon avis même après la mort de Kadhafi, la Libye étant formée de clans antagonistes, les rivalités entre l’Ouest et l’Est prendront vite le dessus et rendront le pays ingouvernable. La guerre en Libye ne saura s’arrêter avec la mort de Kadhafi, car elle est déjà devenue à mon avis une guerre civile : une guerre clanique entre l’Est et l’Ouest du pays.

Que reproche-t-on vraiment au dirigeant libyen aujourd’hui ? Est-ce d’avoir trop duré au pouvoir, de ne pas permettre l’alternance, de n’avoir pas permis l’exploitation du pays par les occidentaux ou est-ce d’avoir soutenu la lutte des peuples opprimés de la Palestine en finançant le ″terrorisme″ (je pense à l’attentat de Lockerbie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_de_Lockerbie), ou encore son zèle à voir l’Afrique s’unir à l’instar des Etats-Unis d’Amérique ? http://www.africa-union.org/Official_documents/Heads%20of%20State%20Summits/Hog%20fr/DECLARATION%20DE%20SYRTE.pdf. Notons que l’unité de l’Afrique ne peut pas nécessairement être du goût de tous les occidentaux qui y voient une perte de leur première source de revenue voire un frein au développement de leurs pays réciproques. Il leur faudra cependant réfléchir par deux fois avant de demander le départ aujourd’hui du dirigeant Libyen du pouvoir, car si même Kadhafi peut paraître comme un hurluberlu, il tenait son pays uni, contenait l’immigration des africains vers l’Europe, et mieux, n’aimait pas du tout entendre parler de Al Qaeda (un des plus graves dangers pour notre continent mis-a part les trafics de drogue et d'armes).
De tous les actuels chefs d’Etats Africains, Mouammar Kadhafi est sans doute le plus craint par les Européens, pour avoir toujours été imprévisible ou n’avoir justement jamais adhéré à leurs principes de gouvernance. Dans le combat de "dernier des Mohicans" qu’il livre actuellement à une partie de sa population et aux Occidentaux, il y a lieu de se poser plusieurs autres questions, à savoir :
- qui sont en fait les rebelles que l’occident soutien aujourd’hui à travers des frappes aériennes aveugles ? Le chef de la rébellion ne serait autre que Mahmoud Jibril un ancien fidèle du guide Kadhafi, bref les mêmes personnes qui étaient à ses cotés hier pour lui donner des conseils sur comment se distancer ou se rapprocher des occidentaux.
- quels intérêts autres que financiers les occidentaux ont-ils à soutenir les rebelles, Eux qui n’arrivent même pas à s’excuser quand il leur arrive de lâcher des bombes sur la population civiles, juste comme le ferait Kadhafi, (http://fr.euronews.net/2011/03/31/l-otan-ouvre-une-enquete-sur-son-eventuelle-implication-dans-la-morts-de-civils/) ou encore laissent la population fuyant les bombardement mourir en mer, de faim et de soif, alors que leur intervention se veut humanitaire ? De quelle humanité nous parles-t-on ? (http://www.europe1.fr/International/Libye-1.200-migrants-morts-en-mer-HCR-540831/)

L’avenir sans doute nous en dira plus, mais la mauvaise gestion par les pays riches du vent de jasmin qui souffle actuellement sur les pays arabes, notamment ceux d’Afrique me donne à penser qu’il faudra que les dirigeants africains se réveillent et repensent la position réelle du continent au sein de la Communauté Internationale.
Vu d’en haut, le conflit actuel en Libye pourrait ressembler comme tiennent à nous le présenter, les pays comme la France, la Grande Bretagne ou les Etats-Unis à une guerre contre un dictateur qui refuse de laisser le pouvoir à sa population en révolte contre ses quarante et plus années de pouvoir, de mauvais traitement et de refus d’alternance.
- "Kadhafi bombarde ses propres citoyens", c’est ce que les médias ne cessent de nous répéter, mais quand l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) bombarde et les révolutionnaires, et les Kadhafistes et se refuse en plus à s’excuser auprès des Libyens, le monde entier applaudi, parce qu’ils font du bon boulot, du moment qu’ils défendent la démocratie… mais quelle démocratie ?
Voila une question que nous sommes aujourd’hui en droit de nous poser, et bien d’autres questions d’ailleurs…Est-ce vraiment au nom de la démocratie que les occidentaux mettent la vie de leurs soldats en jeu ? Si oui, pourquoi ont-ils défendu les élections en Côte d’Ivoire en 2011 et pas au Togo en 2010, ou pas en 2005 quand le fils de l’autre dictateur Eyadéma, après avoir trempé dans le sang, plus de 500 citoyens de son propre pays pour confisquer le pouvoir, s’est permis en plus de voler les urnes au vu et au su de tous les medias du monde, sans que la France (le chien de garde) ne se permette même d’aboyer, avant que de définitivement enterrer récemment l’opposition togolaise en faisant voter par le parlement la fameuse loi relatif aux manifestations publiques?
Il y aurait-il une politique des deux poids deux mesures pour l’Afrique, où certains dictateurs voire leurs fils pourraient rester au pouvoir, pourvu qu’ils ouvrent toutes grandes nos portes aux pays riches pour une exploitation aveugle des ressources naturelles, tandis que d’autres dictateurs sont sevrés des mêmes complaisances parce qu’ils n’accepteraient jamais de partager leurs richesses avec justement ces pays riches ?
Je ne pense pas qu’aujourd’hui les Africains réalisent vraiment les enjeux qui se jouent sur notre continent en ce Vingt et Unième Siècle, et si malheureusement ils le comprennent mais refusent de s’en indigner, alors nous sommes tous pauvres nègres [y compris moi-même] aussi bouchés que je ne le pensais (Excusez ma langue "bois").
Il est temps selon moi que les africains se lèvent pour régler leurs problèmes dans la dignité. L’union Africaine doit nous donner une preuve de son existence en réussissant par le dialogue et non par les armes, à sauver non seulement un des derniers dinosaures de l’Afrique qu’est Kadhafi des griffes des occidentaux, mais en même temps qu’ils aideraient les Libyens à sortir de leur crise, à sauver toutes les autres révolutions actuelles ou à venir afin de donner à l’Afrique une place dans la communauté internationale et entre africains, une confiance qui amènerait demain le continent à cette union, sans laquelle, l’avenir de nos enfants serait compromise à jamais. Soyons honnêtes avec nous même pour nous dire que toute personne qui se retrouverait à la place de Kadhafi actuellement et qui aurait vu la manière dont ses pairs de la Tunisie et de l’Egypte sont tombés ou se faire aujourd’hui trainer devant les tribunaux après avoir lâché le pouvoir, aurait la même réaction de défense et de refus d’abdiquer. Il n’est pas facile de quitter le pouvoir quand aucune autre alternative claire ne vous est donnée par les adversaires en face. Actuellement aucune alternative ne semble être laissée au dictateur Kadhafi que de se défendre avant que d’être abattu comme ses enfants par des bombardements venus de gens qui ne le menacent que de mort, et je vois beaucoup de chef d’Etats qui à sa place réagiraient de la même manière. Allez par exemple vous en prendre au zimbabwéen Robert Mugabe ou au Soudanais Omar El Béchir, et vous saurez de quoi je parle.

Ne me prenez toutefois pas au mot : je suis entièrement pour la révolution et pour les changements démocratiques en Afrique, mais quand il arrive comme actuellement qu’ils connaissent des ratés, ou que comme dans le cas de la Libye, nul ne sait plus la direction exacte que prendra le vent de la liberté, il serait plus sage que quelqu’un demande aussi bien aux révolutionnaires qu’aux pays qui veulent les aider à renverser le pouvoir en place de revoir leurs positions et de faire attention aux résistances. Il nous faut à tous prix éviter un nouveau chaos pour l’Afrique qui ouvrirait ainsi la voie à une meilleure exploitation de nos ressources naturelles par les pays riches. Il est donc temps que le dialogue reprenne le dessus dans nos conflits en Afrique et que l’intégrité de nos populations soit préservée autant que la démocratie et l’avenir de notre continent. L’union Africaine a un grand rôle à jouer et doit prendre ses responsabilités pour que la note des bombardements aveugles ne soit pas trop salée et ne pèse pas trop sur le dos de nos enfants qui auront bien sur à rembourser tôt ou tard des dettes stupides pour des drones américains, les bombardiers ou autres avions de chasse français, ses gros joujoux avec lesquels leurs parents s’amusent aujourd’hui. Il est donc temps de sauver le dernier dinosaure d’Afrique qu’est Kadhafi, tout en préservant nos populations, mais aussi et surtout ce trésor unique qu’est l’Afrique et ses ressources naturelles pour les générations à venir. La résolution des conflits en Afrique doit donner la priorité au dialogue plutôt qu’aux armes qui ne profitent avant tout qu’aux occidentaux, c’est-a-dire a ces fabricants d’armes qui doivent toujours se trouver des alibis pour écouler leurs marchandises.