Sunday, December 20, 2009

Ces défis qui nous attendent



C’est curieux de voir comment les intellectuels peuvent être parfois totalement décollés de la réalité. Quand je dis intellectuels, je ne parle pas de simples "penseurs" comme moi, qui se permettent de faire des analyses et de dire tout haut ce que les autres, n’osent même pas chuchoter.
Je ne me considère donc pas comme un intellectuel, encore moins comme un politicien, mais quand il m’arrive d’écouter les politiciens (comprenez les politiciens togolais surtout), présenter au peuple leurs programmes de réforme politique, j’ai sérieusement du mal à imaginer, qu’ils puissent un jour nous amener à bon port. La raison est qu’ils ont tous en commun un premier point qui personnellement me dérange beaucoup : ils nous construisent tous, des routes, des écoles, des marchés, des hôpitaux, des ports et des aéroports, … oui c’est leur rêve pour notre pays, mais jamais aucun d’eux n’arrive à nous dire avec quel argent tout cela sera réalisé.
Vont-ils continuer par quémander chez leurs "maîtres", l’éternelle assistance qui fait de notre pays voire du continent africain tout entier un continent unique, c’est -à- dire : riche en ressources naturelles mais très en retard sur son développement et rempli de jeunes malheureux qui préfèrent aller chercher leur bonheur sur d’autres continents? Une Afrique où les politiciens ne sont élus que pour mieux nourrir l’Europe, l’Amérique et aujourd’hui l’Asie (j’ai nommé la Chine)?
Qu’avons-nous fait en Afrique pour mériter des démagogues qui ne viennent au pouvoir que pour se remplir les poches et les poches de leurs protecteurs.
Il n’y a qu’à voir comment les "éléphants blancs" pullulent encore sur le continent pour s’en convaincre : ces projets gigantesques dont on ne voit jamais le bout avant la fin des mandats de nos chefs d’Etat, Ces mandats renouvelables aujourd’hui à vie, si ce n’est qu’ils sont transmissibles (comme de véritables maladies) de père en fils. Suivez mon regard, et comprenez-en l’expression… lorsque vous faites un tour aujourd’hui au Niger, en Côte-D’ivoire, au Burkina-Faso, en Guinée (là-bas l’histoire ne fait que commencer avec Dadis Camara et sa junte), au(x) Congo(s), au Cameroun… pour enfin revenir au Togo, vous comprendrez facilement de quelle maladie souffre actuellement notre continent : le manque d’alternance politique et de réelle démocratie, le manque de vision et de projets destinés à l’épanouissement de nos populations.

Dans les débats qui actuellement animent la préparation des présidentielles de 2010 au Togo, on peut malheureusement sentir encore ce manque d’honnêteté envers la population, ce manque de plan et d’anticipation des événements, ce manque réel de vision pour notre pays. Il n’y a qu’à bien lire les soit disant programmes des futurs candidats pour se rendre compte de leurs promesses irréalistes et mensongères. Pire : aucun d’eux ne pense actuellement au lendemain des élections et à comment défendre leur victoire ou à gérer leur défaite, pour que le sang des togolais ne coule de nouveau gratuitement sur la terre de nos aïeux. C’est ce que j’appelle un manque d’anticipation et de vision politique. Je n’aurais pas plus de commentaire sur ce sujet pour ne pas fâcher certains de mes concitoyens qui réfléchissent plus avec leurs cœurs qu’avec leurs têtes, mais je dois dire ma vérité à tous mes frères africains :

- les défis qui nous attendent au Togo, sont les mêmes qui nous attendent sur tout le continent africain. Ils se doivent d’être pris à bras le corps par nos dirigeants d’aujourd’hui, si nous voulons un continent plus prospère et plus responsable demain.

- Nous ne pouvons plus continuer à tendre la main aux autres continents pour quémander une quelconque aide avant de sortir de notre " misère artificielle", avec toutes les ressources dont regorge l’Afrique.

- Nous ne pouvons pas continuer par nous laisser dicter de l’extérieur, la manière de bien gérer nos ressources naturelles, ni continuer par être désunis sur un continent dont les enjeux sont les mêmes malgré les frontières coloniales.

Voyez combien par exemple nos peuples et nos langues dites vernaculaires dépassent les limites de nos pays respectifs… Nos pères avaient bien compris le problème au moment des indépendances, eux qui parlaient déjà de panafricanisme. C’est vrai que tant que ce premier défi ne sera pas relevé, l’Afrique continuera de plier sous le joug de "l’esclavage moderne".
Ce seul défi comprend malheureusement tous les maux qui minent aussi nos pays, et fragilisent les unions, à savoir : le manque de démocratie, les problèmes de corruption, la militarisation à outrance, le manque de projet de développement de l’agriculture, de protection de l’environnement, de réforme de l’éducation scolaire (eh oui, nous sommes à l’heure de l’internet mais en Afrique les élèves manquent encore de bancs pour s’asseoir et de toit au dessus de leurs classes), d’implantation de bonnes infrastructures routières et de transport en général, d’amélioration de nos systèmes de santé,… et aujourd’hui plus que jamais la bonne gestion de nos ressources naturelles (y compris le soleil, le vent et l’eau [le sommet de Copenhague me donnera raison]).
L’Afrique est confrontée à des défis immenses qu’aucun de nos dirigeants actuels comme potentiels n’a de plan adéquat ou de solution pour résoudre de sitôt, puisque leur objectif premier une fois au pouvoir, c’est de s’enrichir, et enrichir leurs "partenaires dans le crime" commis contre notre continent.

La CEDEA0 (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), l’UA (Union Africaine) et toutes les autres : Union de la Méditerranée et consorts, ne sont encore qu’à l’étape de beaux rêves qui pour moi ont déjà trop duré pour se muer aujourd’hui en réalités pour le bien-être de nos populations, mais continuent de piétiner dans l’immobilisme. L’Union Africaine par exemple tarde à nous créer des routes, des chemins de fer, des marché d’échanges, des pièces d’identités communes pour et entre Africains ? Pendant ce temps (et ceci n’est pas une plaisanterie de mauvais goût), les moustiques tuent 1 million de personnes par an en Afrique, et passent allégrement nos frontières sans attendre d’obtenir un quelconque visa de nos myriades de consulats. Même chose pour le sida, et les nouvelles épidémies que sont la grippe aviaire et son "confrère" le H1N1 par exemple. Tenez, parlant justement de consulat et surtout en ces temps de crise financière, ne pourrait-on pas avoir des cartes d’identités communes à tous les pays d’une sous région africaine par exemple pour commencer, et donc avoir une sorte de consulat de représentation centrale et unique qui s’occuperait des visas et passeports des africains à l’étranger au lieu de ses multiples ambassades que chaque pays d’Afrique se tue à entretenir sur les autres continents…Tous les pays de la CEDEAO pourraient donc être juste représentés à Washington DC, par une centrale de deux ou trois Consulats, avec peut être deux ou trois relais dans quelques grandes villes des Etats-Unis par exemple, histoire d’être plus proche de la diaspora africaine… mais fermons cette parenthèse avant que certains me traitent encore de "day dreamer "(une sorte de rêveur aux yeux ouverts).

Bref pendant que nos dirigeants se la coulent douce et s’éternisent au même " poste présidentiel", d’où ils n’assistent qu’en temps de crise à leurs réunions de "blanchisseurs d’argent", de trafiquants d’armes, de drogue et de pierres précieuses, si ce n’est juste pour s’ échanger de nouvelles idées sur leurs fraudes électorales, il est à mon humble avis, temps de changer de discours et de commencer par développer de véritables stratégies pour prendre notre continent en charge.
Nous populations avons le devoir de dire plus fort à ces politiciens, ce que nous avons sur le cœur, et cela doit déjà se sentir à travers les débats au cours des différentes campagnes de ceux qui cherchent à se faire élire dans nos pays respectifs. Nous devons commencer par leur faire sentir l’odeur d’une bouillante révolution qui bientôt changera l’Afrique (je n’ai pas dis révolte, mais bien une révolution). Le changement ne se fera certes pas du jour au lendemain, mais il y a lieu de commencer par voir plus loin que le bout de notre nez et à rendre nos dirigeants un peu plus responsables et honnêtes. Je ne voterai quant-à moi plus jamais pour un candidat qui se propose de me construire un pont dans mon village, tant qu’il ne me dira pas où il trouvera l’argent pour le faire. Et n’ayons plus peur de nous dire à nous-mêmes aussi, j’entends entre concitoyens certaines vérités :

- Pour que l’Afrique démarre, il nous faut commencer sérieusement par travailler ! Et pour travailler il faut que ce travail existe, qu’il soit créé et qu’il soit rémunéré. Et quand on a un travail rémunéré, cela suppose qu’on anticipe le lendemain et qu’on épargne aujourd’hui pour ne pas être surpris demain par la vieillesse ou la maladie, et c’est là que la responsabilité de l’Etat doit être engagée. C’est à l’Etat d’assurer pour les citoyens les besoins élémentaires que sont le travail, la santé, l’éducation etc. Mais une chose doit nous être désormais claire: sans un système de sécurité social dans nos pays, qui permette à nos Etats de connaitre, de dénombrer, de suivre, d’assister, et de sécuriser la vie de chaque citoyen (voire de chaque africain, quand tous les Etats mettraient ensemble leurs ressources[entendez informatiques, humaines et financières]), tant que le travail des citoyens de chaque pays ne servirait pas à enrichir le pays et non des individus ou familles au pouvoir , et tant que la corruption (malheureusement souvent liée à la pauvreté) n’aura pas disparu de nos maisons, nos quartiers, nos villes et nos pays, voire du continent, nous pouvons dire adieu aux rêves de nos pères de voir l’Afrique un jour s’unir et donc de se développer en harmonie. Croire à une solution qui arrange tout le monde, c’est croire aussi à la mise en commun d’une stratégie de développement de l’ensemble du continent.
Au Togo les défis qui attendent nos futurs dirigeants sont réels, mais ne sont pas à séparer des problèmes de Sida au Ghana, de paludisme au Burkina-Faso, ou de chômage au Benin. Les exemples sont bien réels et ont pour nom nos problèmes quotidiens comme: les sécheresses, la transhumance, les feux de brousse, l’avancée du désert, le traitement des ordures (à quand le recyclage de nos déchets au Togo…), le chômage des jeunes etc. Bref si les politiciens peuvent s’arrêter de nous dire ce qu’ils feront demain avec l’argent venu des autres continents, et commencer par montrer à nos populations, ce qu’ils font déjà au quotidien dans nos quartiers, ou ce qu’ils pourront faire avec leurs propres moyens si jamais ils sont élus, alors seulement ils commenceront par mériter notre confiance. Les Togolais ne sont pas dupes, et contrairement à ce que certains cherchent à nous faire croire, tous les Africains ne sont pas bêtes. Ils sauront choisir les candidats qui les aideront à relever les défis de notre continent. Et quand enfin le meilleur arrive à gagner aux élections à cause de ses projets et non pas à cause de ses fraudes, les autres candidats doivent apprendre à lui céder la place. Il faudra que les coups d’Etat cessent en Afrique pour que le continent commence par vraiment se développer et arrête de « tourner en rond ». Les africains d’aujourd’hui doivent montrer au monde que les pyramides d’Egypte (pour ne donner qu’un exemple) n’étaient pas tombées du ciel, mais que l’Afrique avait une civilisation et qu’il revient à ses fils de la faire renaître et de mettre en valeur les ressources du continent dès maintenant si nous voulons que nos enfants soient respectés demain. Le changement de l’Afrique passe par la relève de tous les défis qui nous attendent, et cela ne demande que du courage et des hommes intègres.