Saturday, March 12, 2011

A QUOI SERVENT LES ARMEES AFRICAINES?



Le Jeudi 03Mars 2011 des pauvres femmes qui manifestaient dans le quartier d’Abobo contre le régime du Président Gbagbo en Côte d’Ivoire, sont abattues par les forces dites de défense et de sécurité, tandis qu’en Libye l’armée bombardait la population en insurrection contre son sempiternel « guide ». Déjà en Septembre 2009 c’était le carnage d’un grand nombre d’opposants à la junte au pouvoir dans le grand stade de Conakry en Guinée. Au Congo de Kabila fils, en Octobre 2006 on parlait de plus de 12000 femmes qui auraient été violées par les soldats, outre de nombreux massacres de la population, dans la guerre insensée qui dans ce pays, dure depuis une dizaine d’années…

Aussi loin que puisse remonter ma mémoire, depuis les indépendances des pays africains dans les années 1960, le rôle des armées est resté ambigu. Les soldats en Afrique semblent avoir été formés juste pour réprimer leurs propres concitoyens, quand ils ne sont pas en guerre contre des soit disant rebelles dans leur propre pays et rarement avec leurs voisins. Ils n’ont aucune notion de protection de leurs peuples, puisqu’ils n’en sont généralement que les principaux prédateurs. Ceci est dû au fait que nos armées sont le plus souvent à la solde des dictateurs et non du peuple qui les habille et leur donne à manger. Nos Chefs d’Etat en Afrique ayant toujours confondues leurs poches avec celles du pays qu’ils gouvernent et l’argent du contribuable ne servant finalement plus qu’à acheter les armes qui maintiennent ces dictateurs au pouvoir. Lorsqu’on sait que ces dictateurs ne sont au pouvoir que pour servir l’intérêt des exploiteurs de l’Afrique venus pour la plupart des pays dits développés et qu’outre l’exploitation d’or, de diamant, de phosphate, d’uranium, de pétrole et autres précieuses ressources naturelles de notre continent… ces filous ne sont en même temps que de simples trafiquants d’armes, il est facile de comprendre pourquoi nos dirigeants continuent d’abrutir nos armées formées souvent de soldats peu instruits, et qui méconnaissent le rôle réel de leur pays ou du continent africain tout entier dans le forum des nations. On comprend aussi pourquoi tout se passe comme si le militaire n’était avant tout que la propriété privée du plus haut gradé de l’armée, et donc réduit à ne servir que l’intérêt d’un homme c’est-à-dire du « général d’armée » (exemple de feu Eyadéma), de l’empereur (Exemple de feu Bokassa), ou du guide suprême de la nation (cas de Mu’ammar al-Qaḏḏāfī)… et j’en passe.

Le bon sens une fois que nous avons compris que nos armées n’existent pas pour défendre nos populations, serait de se demander pourquoi des Institutions comme le conseil de sécurité des Nations Unies, n’arrivent toujours pas à imposer d’embargo, ou à formuler des lois sur l’utilisation des armes par nos dirigeants contre leurs propres citoyens. Pourquoi continuer par exemple par permettre l’exportation des armes en direction de l’Afrique, quand tout le monde sait que ces armes ne servent qu’a réprimer les populations et jamais à les défendre contre un quelconque pays, les africains ayant en réalité d’autres chats à fouetter qu’à se faire la guerre, surtout que nous n’avons même pas d’usine de fabrication de machettes, de houes, ou encore moins de tracteurs, pour cultiver nos champs et développer notre agriculture afin d’arrêter d’aller quémander de l’argent à la banque mondiale pour nourrir nos populations? D’où viennent donc ces armes qui servent à éliminer nos sociétés, et pourquoi les pays développés laissent nos dirigeant se surarmer? Le fait que la réponse à ces questions semble évidente, ne m’empêche pas de les poser voire de les reposer, car bien souvent nous avons l’impression que les armes achetées aux pays comme la Chine ou la Russie en Asie, la France ou l’Espagne en Europe, ou aux Etats-Unis d’Amérique, servent à protéger nos pays de leurs voisins. C’est une fausse réalité à mon avis, puisque les guerres en Afrique ne se font le plus souvent qu’entre les tribus, les clans, les séparatistes d’un même pays. Que cela soit en Afrique du sud du temps de l’Apartheid, en Angola, Au Nigeria, en Somalie, au Liberia, au Soudan (Darfur), ou actuellement en Côte d’Ivoire, nos guerres en Afrique ne sont que des guerres fratricides, et nos pays n’étant pas producteurs de fusils, on peut facilement se demander à qui profitent ces crimes, ces trafics d’armes vers un continent dont les premiers ennemis restent en réalité le paludisme, ou le VIH/Sida, la famine, le manque d’eau potable et le manque d’éducation scolaire.
Le rôle des pays développés, et notamment des Nations Unies reste donc aussi ambigu que celui de nos armées, car tous ces pays qui alimentent notre continent en armes sophistiquées pour réprimer nos populations ou pour nous entre-tuer, sont les mêmes qui siègent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, ou parlent d’aide humanitaire chaque fois qu’un conflit éclate en Afrique. Ce sont donc les mêmes personnalités qui financent les institutions qui devraient en fait interdire l’utilisation de ses armes, qui sont à l’origine de leur promotion en Afrique.
Le génocide de Rwanda, les amputations de mains et de pieds suite à la guerre au Liberia, les déplacements de population au Soudan, ou l’actuelle crise en Libye et les retards dans les prises de position par les grandes nations, voire le manque de décision des Institutions comme l’Union Européenne, ou les Nations Unies ne sont que des preuves, qui doivent commencer par nous ouvrir les yeux en Afrique sur les intérêts réels du reste du monde sur notre continent, et pourquoi l’Afrique continue de croupir dans le sous développement.
Aujourd’hui que l’évolution technologique permet d’avoir une autre vision du fonctionnement réel du monde, et que des révélations comme celles du site Wikileaks nous montrent comment juste un petit groupe de financiers peuvent enculer le reste du monde (je m’excuse d’être aussi grossier), il est temps que les révolutions dans les pays arabes deviennent un facteur de nettoyage systématique des régimes corrompus d’Afrique pour le bien être de notre continent. Nos armées devraient commencer par prendre leurs responsabilités et devenir beaucoup plus républicaines. Nos soldats devraient avoir le courage de s’autocritiquer, et réparer les erreurs qui continuent de plonger notre continent dans la misère. Ils doivent être capables de refuser de combattre leurs propres frères et commencer par apprendre à mieux défendre leurs compatriotes et non pas à les bombarder comme c’est le cas actuellement en Libye.
Les coups d’Etats ne sont certainement pas prêts de s’arrêter en Afrique, mais si le Mali avait réussi le sien dans les années 1990, que La Guinée n’avait pas été un très bon exemple en 2006 sous Dadis Camara [(quelqu’un disait « dadais com’rat »)], et que nous attendons de voir sur quoi le récent coup d’état du Niger pourra aboutir, je ne peux m’empêcher en bon togolais, de poser aux Forces Armées Togolaises (FAT) quelques questions qui me tiennent à cœur, au vu des récents développements politiques dans le monde, à savoir :
- notre pays s’étant toujours proclamé être l’or de l’humanité, le model à suivre, la Suisse de l’Afrique, le premier en tout (malheureusement en bien comme en mal…), qu’attendent nos militaires pour faire parler d’eux et faire des FAT, la première armée d’Afrique, voire du monde à se révolter contre l’utilisation des armes pour réprimer la population, en ces temps de demande légitime des peuples d’une réelle démocratie dans le monde et au Togo?
- Comment l’armée togolaise se prépare-t-elle à devenir la première armée de paix du monde, celle qui nous libérera de la situation politique catastrophique dans laquelle s’enfonce notre pays au jour le jour ?
- A quoi sert réellement l’armée togolaise, et avec l’assurance que nous avons que les « grands travaux » conduits par le Président Faure Gnassingbé au Togo ne seront certainement pas terminés avant que nos maisons se retrouvent encore sous les eaux… si à la prochaine saison des pluies même nos enfants ne pourraient être sauvés des flots par nos valeureux soldats?
- Quels sont les plans de sauvetages ou de protection de nos villages et de nos villes par la « grande muette du Togo», s’il nous venait de nous insurger contre les renégats de la nation que sont nos dirigeants actuels et les membres soit disant de l’opposition qui les aident dans leur vile tâche d’enlisement politique de notre pays,et si le gouvernement recommence encore par faire usage de ses miliciens armés pour mater notre population?
- Pourquoi pas un geste héroïque de soulèvement des militaires de notre pays qui aboutisse sur un soulèvement populaire bien organisé en vue de la libération du Togo et pour le bien être de tout notre continent ?
- Pour une fois dans l’histoire de l’Afrique, pourquoi pas de la part des militaires togolais un formidable : Oui on peut ! « Yes we can !» Un baroud d’honneur de l’armée togolaise, une première en Afrique, où nos soldats n’attendraient pas une révolte du peuple pour aller les rejoindre, mais seraient plutôt eux-mêmes à l’origine de cette révolte qui donneraient la chance au peuple de les rejoindre pour une véritable réconciliation entre notre nation et son armée, une réconciliation qui nous débarrassera définitivement de la poussière qui continue de ternir cet or de l’humanité qu’est le Togo? une réconciliation qui enterrera à jamais la haine tribale dans notre pays, et remettrait sa place à la justice, au droit, et à la démocratie dans notre pays?

- A quand la révolution de l’armée Togolaise ? A quand le bon exemple qui montrera la bonne voie à suivre à toutes les autres armées d’Afrique ?